Software Engineer in Melbourne, Australia

Après un petit mois de recherche de travail et un mois de travail effectif, je vais faire un topo sur quoi, comment en Australie, sur mon expérience et sur mon métier qui je pense reste un mystère pour beaucoup de gens qui m’entourent (et parfois moi compris).

Rapide rappel de mon expérience: j’ai travaillé pendant 7 ans comme consultant dans une société de services informatiques au Luxembourg chez une petite dizaine de clients, avec comme activité principale du développement (mobile, Web, backend…).

Concernant le visa et ses limitations, le PVT (Permis Vacances Travail) permet de travailler au maximum 6 mois pour le même employeur et… C’est quasiment la seule limite. Tous les jobs sont accessibles, hormis ceux demandant la nationalité Australienne (dans le domaine public par exemple, ou militaire).

J’ai donc mis mon CV à jour en ligne le 3 juillet, sur seek.com.au (gros moteur australien et néo-zélandais) et LinkedIn. J’ai reçu jusque 15 appels par jour cette semaine; mais j’ai attendu le jeudi pour décrocher. A la base je déteste téléphoner, alors en anglais…

J’ai finalement découvert que très peu de clients ne s’occupent de leur recrutement. Tout est délégué à des sociétés de recruteurs qui font le tri et les premiers entretiens de façade, avant de pousser les profils supposés intéressants au client.

Évidemment le speech du recruteur est de vous trouvez la meilleure mission qui correspond exactement à vos compétences et vos envies. Les sujets des pré entretiens sont toujours les mêmes : expérience, plutôt front ou back, quelle note sur 10 sur cette technologie… On sent quelques fois que le CV n’a même pas été lu, notamment quand le bonhomme me dit que mon ancienne boîte est une société d’assurance.

Certains proposent alors un entretien en face à face pour vous présenter certaines missions, mieux vous connaître etc… Il faut dire qu’au premier coup de téléphone, les informations que l’on a sur la/les potentielles missions sont ultra light. L’étape suivante est toujours la même : répondre à un mail déclarant que vous n’avez pas postulé chez ce client via un autre cabinet dans les 6 derniers mois et que vous acceptez d’être représenté. Il m’est arrivé d’aller au cabinet de recrutement et de voir 4 types différents, car ils voulaient me rencontrer pour bien me représenter et avaient chacun leur spécialité. Je suis sorti rincé.

Une fois que c’est fait… On attend. Si vous êtes chanceux, c’est l’entretien avec le client, souvent au téléphone dans un premier temps puis sur place.

Sur les deux offres concrètes que j’ai eu, voici le déroulé :

Première société, type SSII, avec une RH attitrée qui s’occupe du recrutement.

  • contact LinkedIn, contact téléphonique, entretien présentation RH sur place, entretien technique d’1h30 avec 2 personnes, entretien « culture d’entreprise ».

Seconde société, grosse boîte de com, passe par des cabinets.

  • contact du cabinet de ma part pour une offre d’emploi intéressante, entretien avec cabinet (qui me représente chez 12 autres boîtes), entretien téléphonique avec tech lead client à Sydney, entretien sur place avec ingénieur puis avec chef de projet et UX designer, topo technique avec tech lead.

Le processus pour les deux boîtes a duré environ deux grosses semaines avant d’avoir une proposition en bonne et due forme.

La première boîte me proposait un contrat permanent : engagé pour une durée indéterminée, sponsorship pour la demande de visa, congés payés… L’équivalent du CDI chez nous, et une porte d’entrée pour la vie à long terme en Australie.

La seconde boîte me propose un contract : je suis employé par le recruteur, qui s’occupe de facturer chaque jour travaillé au client, chez qui je passe mes journées. Je n’ai au final aucune interaction avec le recruteur, hormis leur communiquer quels jours doivent être facturés. Ils gagnent leur vie en rajoutant un montant au dessus du prix de facturation que j’ai demandé. Exemple: si je demande $700 par jour, le recruteur va facturer $750 au client et garder la différence. Ça se rapproche d’une société de portage au Luxembourg. La contrepartie c’est qu’une journée non travaillée n’est pas payée !

Étant donné que nous sommes ici pour voyager, je n’avais pas envie de m’engager sur le long terme pour l’instant. On ne sait même pas si la vie en Australie nous plaît vraiment. J’ai donc accepté la seconde offre. La RH de la première offre à été plutôt compréhensive: si je decide de rester, leur offre reste valable !

 

Le travail 

Me voilà donc petit nouveau dans une société ! Je commence le 3 août, soit exactement un mois après avoir mis mon CV en ligne. Les premiers jours sont vraiment tranquille, on me dit d’y aller mollo, que je suis la pour prendre mes marques etc… Le projet n’a pas commencé, mon premier jour est un jeudi, c’est facile.

Les locaux sont une vrai différence par rapport à ce que j’avais l’habitude d’avoir. Macbookpro au premier jour, double écran, un login qui fonctionne… Autour de ca, l’accent est mis sur le bien être. Que ce soit pour de la consommation : fruits frais journaliers, cafés et boissons diverses gratuites, petit déjeuner libre service… Ou de la détente : baby foot, billard, ping-pong et… Piscine (enfin, c’est pas encore la saison). Autour de ca, quelques initiatives comme les standing desks (pour travailler debout), canapé…

De la musique tourne en boucle sur hauts parleurs, contrôlable via un bot sur slack (en gros : on peut changer la musique via un chat en ligne)… Et évidemment, viens comme tu es, on peut venir en hoodie sans avoir l’impression d’être jugé. De plus, ce n’est pas là qu’on va me demander si je suis prêt à enlever mes piercings avant d’aller chez un client : le lead qui m’a fait passer mon entretien en avait plus que moi.

Les présentations ne sont pas non plus standards : pour mon dernier exposé technique, plutôt qu’être tous assis devant un PowerPoint et faire next next next, j’ai dessiné mon support sur un mur et la présentation se fait debout, entouré de  l’équipe. Les non techniciens apprécient spécialement, car on a davantage tendance à vulgariser.

Voilà pour l’environnement. Du côté social, tous les vendredis midis c’est restaurant d’équipe, ou la quasi totalité du bureau se rend, le choix du restau se faisant de manière démocratique: on vote avec des gommettes. Et le vendredi soir… On traverse la route pour aller dans le pub d’en face, où les boissons sont au frais de la société. A savoir que l’apéro est assez tôt chez les australiens, donc on peut y aller à 16h.

A côté de tout ça, il y a quand même quelques difficultés : discuter, échanger, animer des présentations en anglais est complètement nouveau pour moi. Les fins de journées sont parfois difficiles à cause de la fatigue et on peut parfois se bloquer à force de lire dans les yeux de son interlocuteur « je comprends rien à ce que tu racontes ». Mais je pense que l’exercice est excellent, surtout avec la multitude d’accents que l’on trouve par ici. Il faut juste se jeter à l’eau et persévérer.

Pour les côtés plus standards, que j’ai failli oublier : on travaille 8 heures par jour, 40 heures semaines. La plupart des gens arrivent entre 8h30 et 9h30, repartent entre 17h et 18h30. Habituellement pour le lunch on va chercher en take away dans un des multiples restaurant qui entourent le bureau, ou au marché qui est ouvert certains jours de la semaine. On se retrouve dans le coin bar pour manger. J’ai la chance d’habiter à 15 minutes à pied du boulot, où je peux également aller en longboard.

 

Les technos

Aspect qui ne sera pas compris par tout le monde mais qui en intéressera sûrement certains, aparté technique. Je travaille sur une nouvelle application pour mobiles qu’on pourrait qualifier de mélange entre remixjobs et LinkedIn, pour des métiers auxquels ces deux réseaux ne s’adressent pas. Le design lead les développements et définissent l’application qui sera produite. Pas de spécifications, tout se fait à l’oral, sur Jira et via Slack. On demande à l’équipe d’expérimenter pour choisir la meilleur solution plutôt que de tout figer et se rendre compte après que ça n’était pas la bonne solution. On travaille bien évidemment en méthode agile.

Concernant l’aspect technique, le front est développé en ReactNative + redux. Pour ma part, je suis responsable du backend, qui tourne sur une stack Amazon Web Services en NodeJS. On utilise API Gateway et Lambda pour l’API, Cognito pour l’authentification, DynamoDB, Jest et supertest pour les tests, yarn, webpack et tutti quanti… Tout est basé sur une architecture serverless, tout nouveau pour moi. Mais je peux expérimenter et apprendre tranquillement, je choisis les technos et on me fait confiance. Je travaille avec un développeur qui vient d’arriver d’Inde, et qui n’est pas du tout habitué à travailler avec autant de latitude et de liberté d’exécution. Etant très mauvais pédagogue, c’est une nouvelle facette que je dois travailler… Avec calme.

 

Aspect financier

Partie de l’article qui pourra intéresser n’importe qui en PVT, car elle s’applique à tous les domaines et donne une base de calcul pour les salaires et imposition. Comme je le disais, je suis actuellement facturé à la journée, je reçois ma paye de manière hebdomadaire. Partons sur un chiffre aléatoire, si je suis facturé $700/469€ la  journée, je reçois donc $3.500/2 345€  bruts la semaine de 40 heures. Les équivalents euros/aud sont fait au même taux que dans l’article précédent : $1=0.67€ / 1€=$1.5

Les australiens payent ce que je rapproche d’une assurance retraite chez nous, qu’ils appellent superannuation. La valeur minimale actuelle est 9.50% de votre salaire que vous devez épargner. Du moins, que votre employeur mettra sur votre compte superannuation. Vous toucherez cet argent à votre retraite.

Dans notre exemple, $3.500/2 345€  donnent finalement $3.196/2 141€  hebdomadaire, soit $303/203€  qui partent sur le compte superannuation. En tant que pvtiste, je peux demander à récupérer le contenu de mon compte superannuation une fois que j’aurai quitté le pays, avec un taux d’imposition de 65% (merki !).

Pour un pvtiste, les premiers $37.000/24 788€  qu’il gagne sont imposés à 15%. Entre $37.001 et $87.000/58 284€ , le taux passe à 32.50%. Il passe ensuite à 37% puis 45% au delà de $180.000/120 588€ . C’est évidemment indicatif, je ne devrai pas les atteindre…

Sur nos $3.196/2 141€  restant, je donnerai donc 15%, ce qui me laisserai $2.717/1 820€  par semaine, net d’impôts pour les premiers $37.000, puis $2.157/1 445€ .

Pour transformer ça en salaire mensuel, il suffit de multiplier l’hebdomadaire par 52 (nombre de semaines dans l’année) et diviser par 12 (nombre de mois dans l’année). On obtiendrait en mensuel :

  • Brut : $15.167/10 160€
  • Brut moins superannuation: $13.850/9 279€
  • Net à 15% : $11.775/7 888€
  • Net à 32.50% : $9.347/6 261€
  • Superannuation brut : $1.313/880
  • Superannuation nette à 65% : $460/308

Ces salaires sont bien évidemment à mitiger et à comparer au coût de la vie ici, à voir dans notre super article Top 2017 de l’Australie. Cliquez sur les photos pour quelques explications…

Après un mois de recherches et un mois et demi de travail, je pense avoir été extrêmement chanceux de tomber dans cette boîte, à cet endroit, à ce moment. Je vous avoue que le simple fait d’entendre du Black Keys en allant à mon entretien sur place a grandement participé à ma décision. En discutant avec des collègues, l’ambiance n’est évidemment pas partout comme ça, cela tient peut-être du fait que ce n’est pas une boîte dédiée au développement informatique mais plutôt au digital de manière plus large (cette phrase ne veut rien dire). J’ai la chance que ma passion soit mon métier, et pouvoir le faire dans ce cadre le rapproche du meilleur métier du monde.

J’ai du mal à imaginer un retour dans une boîte plus traditionnelle, mais je pense que j’aurai envie d’implanter certaines de leurs bonnes idées dans ma/mes future(s) société(s), où qu’elles soient et quoi qu’elles fassent.

6 comments

  1. Nous on a lu Last Man.
    Je voulais te le dire.
    Et que ça soit posté là.
    Pour que ça reste
    POUR L’ÉTERNITÉ.

  2. Salut Mika
    Content d’avoir de tes nouvelles et de voir que ta nouvelle vie Australienne commence vraiment bien : l’environnement de travail semble être mis en avant et cela est important
    Au plaisir de te lire
    Olivier

  3. Ca donne envie ! (je suis un peu jalouse ^^)
    Bravo et bon courage à tous les deux !
    Bisous

  4. Merci pour ce bon article, je suis content d’en savoir un peu plus sur ce que tu fais là-bas.. j’en parlerai à mon Scrum demain matin.
    – vu les conditions de travail, tu sembles quand même tombé sur une bonne boîte – mais bah on n’a que ce qu’on mérite. 😉
    En plus, malgré le coût de la vie, il n’est pas dit que l’Asahi ne soit pas moins cher là-bas qu’ici..
    (en France, je veux dire)
    Merci pour vos nouvelles..

  5. Cool cool cool. En plus tu reviendras avec un super bagage en angliche !
    Gros bec.
    Papa

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